Julien Fournier - Tech Lead & Coordinateur d'agence
Découvrez notre calendrier de l'Avent spécial éco-conception
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Nous avons tous une idée plus ou moins claire de ce qu'est l'User Experience (UX) : il s'agit de la discipline en conception ayant pour but d'imaginer le vécu de l'utilisateur lors de son utilisation du produit. Lorsque l'on fait de l'UX, outre les qualités intrinsèques au produit (sa fiabilité, sa sécurité), on fait aussi attention à son ergonomie, son esthétique, aux émotions et au plaisir qu'il transmet. Nous avons tous en tête l'UX des produits Apple, tellement intuitive que les enfants et même les seniors arrivent à s'en servir.
Il existe une variante, le Customer Experience (CX) : la conception d'expériences utilisateurs contrainte autour de l'acte d'achat d'un produit d'une entreprise.
Un bel exemple de CX pourrait être celui des parcs Disneyland où l'objectif de faire vivre un rêve aux visiteurs (les clients) est tellement poussé que le personnel du parc a comme intitulé de poste "Cast Member" (membre de la troupe), ou encore le fait de ne jamais séparer les familles à l'entrée du manège "It's a small world" de sorte à préserver la magie même si cela veut dire allonger la file d'attente.
Aujourd'hui, on parle aussi de Developer Experience (DevEx). Il s'agit de considérer tout ce qui se passe dans l'exercice du métier de développeur. Au commencement, il s'agissait pour les sociétés dont les clients étaient des développeurs de proposer des produits "developer friendly". Par exemple si on propose une API, on va faire en sorte qu'elle soit simple à utiliser et bien documentée. Des champions de cette catégorie sont Stripe et Twilio, notoirement connus pour être extrêmement "developer friendly" et donc proposer une DevEx intéressante.
La DevEx ne se limite à la conception d'API plaisantes à l'usage : la DevEx c'est réfléchir sciemment à chaque moment que vit un développeur dans l'exercice de ses fonctions. Dernier Cri a choisi d'en faire l'un de ses principaux chevaux de batailles et voici pourquoi.
Aurélien, 35 ans, travaille dans une grande ESN en tant que développeur web. Il fait partie d'une équipe TMA dont le rôle est de maintenir diverses applications : c'est-à-dire monitorer l'application, corriger des bugs et faire de petites évolutions à la demande du client.
Il dépose ses enfants à l'école autour de 8h30 puis après 40 minutes de bouchon arrivera en voiture dans les locaux de sa société, en périphérie de la métropole, il est alors 9h30.
Une fois installé à son poste de travail, il démarre sa machine. Parlons-en d'ailleurs: il s'agit d'un poste de travail fixe, sous Windows (imposé) sur lequel il ne peut pas totalement faire ce qu'il souhaite : les "group policies" sont passées par là et il n'est pas administrateur de sa machine.
Pendant que sa machine démarre, il ira se chercher un café, participera à un daily stand-up avec une dizaine d'autres personnes, dont certaines ne sont pas de son équipe. Le stand-up devrait théoriquement durer 10 min mais durera comme d'habitude 30 à 45 minutes car Sofiane et Laetitia, entre autres, s'étalent toujours sur des micro-détails et Benoît, le chef de projet, est incapable de faire respecter le chrono.
De retour sur son poste, il ouvrira un Jira au board mal configuré et y piochera un ticket. Il démarrera son IDE, Eclipse, sur le workspace du projet concerné par le ticket. Il s'agit d'un projet Java Struts ici, vieillissant.
Ce projet d'ailleurs, il évite de toucher à la configuration : lorsqu'il a été onboardé dessus, il lui aura bien fallu un sprint complet (10 jours) pour avoir un environnement qui tourne avec tous les accès qui vont bien.
Lorsqu'il démarre son serveur de développement pour réellement commencer à travailler, celui-ci commence par faire un "clean", c'est-à-dire qu'il supprime tout ce qui a pu être compilé auparavant. C'est une recommandation d'anciens développeurs du projet : "pour être sûr que ça marche quand on lance le serveur". Ça et la compilation qui s'ensuit, on est en effet dans un monde où le langage est compilé, le serveur mettra bien 4 minutes à démarrer. Ce sera ensuite au tour de webpack de démarrer la partie frontend de l'application, elle est sur angular, ça prendra ici 5 minutes à démarrer aussi.
Une fois l'environnement disponible, il peut alors travailler sur son ticket :
Au final, Aurélien ne prend pas beaucoup de plaisir à travailler. Résigné, il qualifie son travail d'alimentaire et se contente d'avancer un peu chaque jour, histoire d'avoir quelque chose à dire au daily du lendemain. Avec les deux années de COVID qui viennent de passer, il n'en peut plus de ce train train et est en recherche active d'emploi pour aller vérifier si l'herbe est plus verte ailleurs.
Bien sûr, Aurélien est très peu à jour de ce qu'est réellement le web, de l'état des standards en 2022. Il évolue dans un écosystème où s'intéresser à des choses comme le websockets (il serait temps, en 2022) ne sera pas gratifiant car il ne pourra à priori pas exploiter ces façons de faire dans les technos qu'il manipule. Dommage, tout ça ne jouera pas en sa faveur dans sa recherche d'emploi.
Mélanie, 35 ans, travaille chez Dernier Cri en tant que développeuse web. Elle est Application Manager et son rôle est de maintenir des applications : c'est-à-dire qu'elle corrigera des bugs et fera des petites évolutions à la demande du client.
Elle dépose ses enfants à l'école à 8h30 et selon ses envies et ce qu'il y a à faire à la maison, elle choisira de venir à l'agence ou de travailler à distance. Dans tous les cas, elle choisira de commencer à travailler quelque part entre 9h et 10h.
Une fois installée sur son bureau avec un café, elle ouvre son Mac. Parlons-en d'ailleurs : il s'agit d'un ordinateur portable qu'elle a préféré prendre en version 14 pouces, plus adapté à sa façon de travailler un peu nomade. Elle y a installé un tas d'outils de productivité comme Kairn qui l'aide à s'organiser au quotidien.
Elle commencera sa journée par un daily à 10h sur Around dont l'objectif est surtout de vérifier qu'on a bien toutes les bonnes priorités en tête. Tout le monde connaît déjà l'avancement du reste de l'équipe car Lucien, le chef de projet, demande un récap quotidien écrit de la journée de travail tous les jours à 17h30 dans le channel Slack de l'équipe. A ce sujet, aujourd'hui, à part une urgence pour un client donné, ce sera "job as usual".
A peine 5 minutes plus tard (car oui on n'a pas peur de faire des "petits meetings" ici) elle ouvrira Jira et s'assignera le ticket avec la priorité la plus haute. Le ticket a été généré à partir d'une erreur reportée via une alerte Sentry. Il s'agit ici d'éviter de faire des requêtes imbriquées et de passer d'une page qui se charge en plus de 3 secondes (ce qui a déclenché l'alerte) à moins d'une seconde. Il s'agit d'une application Python & Django 4 qu'elle ne connaît pas. Elle connaît d'ailleurs assez peu la techno mais elle est curieuse et ravie de ne pas toujours faire la même chose.
Pour démarrer le projet, s'agissant d'une correction qui devrait aller relativement vite à faire, elle choisit de démarrer le projet en passant par Github CodeSpaces et ceci en un clic depuis la page du repository du projet. Deux minutes plus tard, elle a un environnement de travail complètement fonctionnel, dans son Visual Studio Code à elle, mais avec quelques plugins supplémentaires que l'équipe qui a développé le projet a recommandé.
L'environnement démarre très vite, elle fait quelques essais et moins d'une heure plus tard, après en avoir appris un peu plus sur l'environnement Python / Django , elle ouvre sa Pull Request et consigne dans une note personnelle sur Slite un récap du fait que ce ticket a été traité, ce qui lui permettra à 17h30 de faire très rapidement son rapport quotidien.
Il est 11h00, Mélanie va pouvoir démarrer la résolution d'un nouveau ticket, ce sera cette fois sur un projet PHP Laravel, framework qu'elle connaît bien et pour lequel elle a déjà développée des packages.
Au final, Mélanie prend beaucoup de plaisir à travailler. C'est enrichissant chaque jour, elle a la sensation d'avoir accompli beaucoup de choses quand la journée se termine. Elle ne changerait pour rien au monde de métier en ce moment, l'herbe ne doit sûrement pas être beaucoup plus verte ailleurs.
Elle aime l'écosystème dans lequel elle évolue et n'hésite pas à y prendre part, en assistant à des talks en interne lorsqu'elle-même n'en donne pas. Avant, elle allait dans des meetups, des conférences, mais elle n'a plus la même vie et ce n'est pas grave.
Ces deux quotidiens, ceux de développeurs qui font à priori le même métier, sont très différents. L'un des deux profils est épanoui et apporte à son entreprise énormément. L'autre, même s'il apporte au final autant à son entreprise que ce qu'elle lui donne en échange, est sur le départ.
La vie fictive d'Aurélien est une caricature d'expérience réelle que l'on peut encore rencontrer dans certaines sociétés. Celle de Mélanie par contre n'est pas si éloignée du quotidien de certains des collaborateurs de Dernier Cri.
Le métier de développeur est extrêmement complexe et technique : on manipule multitudes d'outils, techniques, méthodologies et technologies dans des environnements et écosystèmes qui évoluent à un rythme effréné.
Considérer que la DevEx s'arrête uniquement au fait de concevoir des API simples à utiliser et bien documentées est donc immensément réducteur. La DevEx c'est s'approprier toutes les micro souffrances , les micro sujets du quotidien des développeurs et leur apporter des solutions. Et cela passe par le fait de leur proposer lorsque nécessaire de réduire leur temps d'onboarding projet grâce à des technologies comme Github CodeSpaces ou grâce à des principes simples comme le fait d'institutionnaliser la règle des "Scripts To Rule Them All" pour que, peu importe l'environnement projet, on s'économise un "comment marche ce machin ?" lorsque l'on est catapulté dessus.
La DevEx est d'autant plus importante qu'en tant qu'agence nous multiplions plus que la normale les projets et les environnements techniques. Nous pouvons fiabiliser notre delivery grâce à des équipes de développement qui évoluent dans un environnement sécurisant, épanouissant et qui permet à chacun de se concentrer sur l'essentiel : résoudre des problèmes et concevoir des algorithmes qui généreront de la valeur pour nos clients.
Dans un monde où recruter un développeur et le fidéliser est devenu un véritable casse-tête, la DevEx est aussi un élément de réponse.
Pour mener à bien notre objectif de s'améliorer sur le DevEx, nous avons choisi de nommer Jean-Serge Monbailly en tant que Head Of DevEx.
Jean-Serge, performeur chez Dernier Cri, a 28 ans. Il a rejoint Dernier Cri il y a maintenant 6 ans en tant que développeur backend. Brillant, il a très vite taclé des sujets habituellement réservés aux plus senior et ceci dans des environnements variés et des contextes projets parfois hardus. Depuis plus d'un an maintenant, il est Tech Lead et gère une équipe de 5 développeurs. Il a également pris le rôle de responsable du DevOps qu'il conserve en plus de sa nomination en tant que responsable du DevEx, les sujets étant en effet extrêmement connexes.
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